C’est d’autant plus vrai à l’âge de l’adolescence, lorsqu’on observe ce corps d’enfant muter, lorsque les premiers émois laissent place aux premières peines de coeur. Cet âge où les émotions sont exacerbées, où l’on tend à prouver qu’on est autonome et responsable, alors qu’il nous reste tant de choses à apprendre. Cet âge où l’on commence à identifier et à comprendre les dysfonctionnements sociétaux, les enjeux économiques, sociaux, environnementaux et les conséquences sur l’individu, la collectivité ainsi que sur notre planète. C’est une phase de la vie fortement imprégnée de quête de sens. Le désir d’appartenance se fait alors ardemment ressentir, par peur de l’isolement.
En effet, nous sommes génétiquement programmés pour vivre ensemble. Alors, lorsqu’un être humain est isolé d’un groupe, son cerveau reptilien s’active et lui envoie le message l’avertissant d’un danger potentiel. Car seuls, nous ne sommes pas voués à survivre dans ce monde. Comprenant ceci, on se rend bien vite compte du caractère primordial de la question : comment se faire de vrais amis, sincères, loyaux et bienveillants?
Aujourd’hui, je vous partage 5 clés qui, selon moi, permettront à votre ado hypersensible de se faire de nouveaux amis.
A titre personnel, j’aurais vraiment aimé être guidée par un adulte bienveillant pendant ma scolarité. Les conseils qui suivent m’auraient apporté réconfort, douceur et assurance.
Heureusement pour moi, j’ai découvert les clés 4 et 5 par moi-même dès mes 12 ans. Je n’ai pris connaissance et conscience des autres que bien plus tard. Puissent donc ces clés aiguiller ces êtres merveilleux qui vous entourent!
La clé n°1: Arrêter de confondre timidité et sensibilité
La timidité est un état découlant d’une situation spécifique, autrement dit : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une réaction. Elle se définit comme étant la peur de ne pas être accepté.e et aimé.e. Contrairement à la sensibilité, elle n’est pas héréditaire.
La timidité chronique est souvent liée à une expérience traumatisante : le jeune n’a pu s’échapper avec succès d’une situation hyperstimulante par le passé. Par exemple : Il a pu avoir l’impression que les autres le jugeaient; il a eu le sentiment de ne pas être à la hauteur de ses propres exigences ou encore, on l’a accusé d’avoir commis une erreur.
L’appréhension de se retrouver à vivre une situation similaire vient renforcer le niveau de stimulation, avec pour conséquence d’intensifier ce sentiment de mal-être. Lorsque ce schéma se répète, l’adolescent.be est pris dans un cercle vicieux. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un jeune hypersensible.
Quant à la sensibilité aux stimuli, celle-ci peut induire en erreur et créer l’illusion selon laquelle une personne serait timide.
En effet, l’anxiété peut être provoquée par l’hyperstimulation liée à l’environnement ambiant : qu’il s’agisse du bruit, de l’intensité de la luminosité, de la quantité d’informations visuelles, des odeurs et autres stimulations physiques. Alors, lorsqu’à ça vient se greffer la stimulation intellectuelle, l’adolescent tend à s’isoler pour se protéger. La seule et unique raison « valable » pour justifier cet évitement consisterait à considérer le jeune comme étant timide. Il vient rarement à l’esprit qu’il a simplement besoin de retrouver du calme pour que son système nerveux se régule…
Comprendre son mode de fonctionnement permet de supprimer cette étiquette qui enferme le jeune dans une case en lui accolant un pseudo trait de caractère.
Outre l’aspect « déclassification », cet éclairage sur cette spécificité offre l’opportunité de considérer les stratégies visant à diminuer le niveau de stimulation. L’essentiel étant que « le jeune reste en lien » avec les autres de son âge. S’il a tendance à éviter de faire de nouvelles rencontres, il lui sera de plus en plus difficile de faire face à cette hyperstimulation lorsqu’il y sera forcé. Par exemple, lors d’un changement d’établissement scolaire. D’où l’intérêt d’appliquer la politique du « strict minimum » à intervalles réguliers, afin que le système nerveux puisse s’habituer aux changements sans tirer la sonnette d’alarme.
La clé n°2 : Expliquer son mode de fonctionnement aux autres
Les moins sensibles représentent 80% de la population, toutes espèces de mammifères confondues. Sachant cela, il est important de prendre le temps d’expliquer aux autres ce qu’est l’hypersensibilité, et ce que cela implique au quotidien.
Certains jeunes comprendront que ce comportement de repli n’a aucun lien avec eux, et ils seront d’autant plus compréhensifs et empreints de compassion. Cela pourrait même est le point de départ d’une belle amitié…
La clé n°3 : Repérer les autres jeunes hypersensibles
Le fait de vivre des difficultés similaires rapproche les êtres humains. De ce fait, trouver d’autres adolescent.e.s hypersensibles lui permettra d’échanger en tête-à-tête et de commencer à bâtir une relation de confiance.
La majeure partie des hypersensibles est introvertie. Une personne de nature introvertie se ressourcera plus naturellement seule, de préférence en contact avec la nature. Contrairement aux personnes de nature extravertie, qui chercheront volontiers les interactions avec leurs pairs.
Les personnes de nature introvertie privilégieront donc davantage les relations intimes, plutôt que l’intégration à un groupe.
Comme un enfant se réfère à ses modèles, soit celles et ceux qui représentent les figures parentales, est évident qu’il vous incombe de montrer l’exemple. Restez cohérent et évitez les « fait ce que je dis et pas ce que je fais » 😉
Si vous-même êtes isolé.e la plupart du temps, que vos échanges amicaux se limitent bien souvent à un sms, un courriel ou à un appel téléphonique, ne vous étonnez pas si votre ado reste enfermé.e dans sa chambre les yeux rivés sur des écrans… « la graine ne tombe jamais bien loin de l’arbre » 🙂 Idem concernant la club de sport…
La clé n°4 : Se créer un persona et l’incarner
Le persona pourrait se définir comme étant une forme de masque avec lequel on peut être qui l’on désire.
Lorsque nous rencontrons quelqu’un pour la première fois, et que nous commençons à faire connaissance, nous sommes la plupart du temps en contact avec la persona de surface. C’est au fur et à mesure des conversations que l’on commence éventuellement à se dévoiler davantage. Cette pratique est culturelle.
En effet, les nords-américains ont tendance à être plus authentiques et à se montrer plus francs qu’une majorité d’européens.
La mise en lien avec les autres implique donc la compréhension et l’adoption des codes de société. En Europe, nous savons que « toute vérité n’est pas bonne à dire ». C’est pourquoi un persona adéquat se doit d’intégrer les bonnes manières, ainsi qu’un comportement qui soit prévisible et non stimulant, pour éviter l’hyperstimulation qui engendrerait l’anxiété. Ceci n’exclut pas de faire preuve de compassion à l’égard de l’autre! C’est loin d’être incompatible 😉
La clé n°5 : Se challenger en suivant la méthode des petits pas
Le premier pas reste le plus difficile. Ensuite, tout est question d’entrainement! Se fixer des objectifs quotidiens et hebdomadaires pour agrandir sa zone de confort permet de gagner en aisance au fil du temps.
En effet, le cerveau reptilien s’habitude à ces petits changements. Et c’est l’ensemble de ces petits changements qui amène les grandes transitions.
Pour nouer le contact, le fait de commencer par simplement sourire aux autres pendant quelques jours, et de monter d’un cran les jours suivants en disant « bonjour » et « bonne journée » permet de désamorcer progressivement le blocage.
Ensuite, votre ado pourrait préparer des questions-types lui permettant de découvrir davantage les autres. Par exemple : j’ai remarqué que tu dessinais pendant les cours. Est-ce que c’est l’une de tes passions? As-tu déjà testé le dessin au bic noir? Aux pastels secs? Serais-tu accord de me faire découvrir tes réalisations?
En définitive…
Je suis convaincue qu’en considérant un ado comme sensible – et non timide -, en l’aidant à diminuer son niveau de stimulation, en valorisant sa nature introvertie, en lui montrant nous-même l’exemple – que ce soit en allant vers les autres, en agrandissant régulièrement notre zone de confort – et en célébrant chacune de ses victoires que nous pouvons l’aider au mieux.
Et vous, qu’en pensez-vous? Laquelle de ces clés vous parle le plus? J’ai hâte de lire vos réponses 🙂
Si vous voulez obtenir davantage de conseils et de stratégies pour aider votre ado hypersensible à s’épanouir, je vous invite à consulter mon website en cliquant ici pour recevoir ma série de 5 vidéos éducatives GRATUITES « Les 5 clés pour enfin comprendre votre ado hypersensible sans avoir besoin d’utiliser un décodeur! » dans lesquelles je vous partage les spécificités du mode de fonctionnement d’un hypersensible afin d’améliorer la qualité de vos relations.
Merci de tout coeur pour votre lecture!
Chaleureusement et avec bienveillance,
Raphaëlle
